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mardi 18 octobre 2016

Les Egunguns : Tradition et source d'intégration régionale


Les revenants appelés Egungun par les yoruba, Kouvitos par les gouns et Kloutos par les fons représentent le symbole de l’esprit du mort qu’on suppose revenu pour se manifester aux vivants. Ils sont une institution remémorant les souvenirs de nos morts car les peuples africain en général croient que les âmes de leurs défunts sont encore avec eux.

Origine

Selon les chefs traditionnels de cette divinité, le vrai Egun vient d’Oyo au Nigeria. L’histoire raconte que le roi Guézo a ramené au Dahomey (ancien nom du Bénin) des esclaves du Nigeria. Ces derniers sont allés au champ et chacun en ce moment exprimait sa joie. L’un des esclaves fait savoir à ses amis, qu’il possède des pouvoirs surnaturels et par de simples incantations il pouvait produire assez de miracles. Personne ne le croyait. Il décide de passer à l’acte. Il prit un bâton et frappa le sol. Les Eguns sortirent en grand nombre. Le roi impressionné pour cette démonstration porta en triomphe l’esclave nigérian.

Pour convaincre le roi, il décide de transformer encore les revenants en des squelettes. Dès lors le roi Guézo a décidé de changer le statut de ses esclaves nigérians. Pour valoriser ses Eguns sortis sous l’effet des incantations, le roi Guézo a choisi la ville de Ouidah, la ville des divinités, où les nigérians promoteurs des Eguns ont été envoyé pour promouvoir cette divinité. C’est la raison pour laquelle, Ouidah reste depuis lors le berceau de la divinité Eguns au Bénin. Et comme Ouidah et Abomey sont deux villes sous la même royauté, Abomey a connu lui aussi et ceci rapidement une tradition de Kloutos qui sortent pendant les cérémonies funèbres.
Leur apparition à Porto-Novo date probablement du temps où les yoruba firent apparaître, au cours de certaines cérémonies funéraires, des revenants habillés à la façon du défunt, tenant le même langage que le défunt, rapportant les faits ou messages du défunt.

Les Egunguns aujourd’hui

Les Eguns ne s’expriment qu’en yoruba et sont capables des tours de prestidigitation les plus extraordinaires. Au départ, il n’a jamais été question que les Egunguns sortent avec des chicotes, pourchassent et bastonnent des gens. Mais de nos jours, dans certaines contrées, l’expression du jeu amène des Egunguns à se livrer à cette pratique.
Pour personnifier les kouvitos et pour jouir de leurs protections, les adeptes de cette tradition font habiller leurs Egunguns de tissus variés et richement garnis avec des décorations de toutes sortes. On les retrouve le plus souvent lors des cérémonies de décès, des grandes manifestations culturelles et des fêtes de réjouissances. Notons qu’il existe également au-delà de ces contextes cités ci-dessus, des périodes biens précises de l’année pour la sortie des Egunguns et cette période diffère d’une région à une autre. Cette sortie des Egunguns n’est pas un simple événement. 
Elle nécessite une grande préparation de la part des chefs de cette divinité et de ses adeptes. Des offrandes sont faites aux dieux à travers plusieurs rituels sacrés où on demande l’assistance des dieux et des ancêtres défunts. La veille de la sortie des Egunguns tard dans la nuit s’organise la cérémonie la plus importante qui annonce la sortie des revenants au cours de laquelle chefs d’Egunguns, adeptes et initiés se lancent à la chasse d’un esprit imaginaire. La capture de cet esprit annonce la sortie des Egunguns.

Les Egunguns, c’est aussi des danses et des chants

Les Egunguns égaillent par leurs danses acrobatiques et démonstrations de puissance aussi extraordinaires les unes que les autres. Tout ceci aux sons des tam-tams, des rythmes et des chants populaires dont seuls les initiés détiennent le secret. Chaque Egunguns de par son costume, l’architecture de son masque exécute des danses biens précises. Ils flattent pour avoir des récompenses, effrayent dans leur mouvement et formule des vœux de bonheur à ceux qui leur font des cadeaux.

Pour un meilleur développement du culte

Les Egunguns divinité yoruba sont très présents dans la tradition des peuples Nago du sud-Bénin, ils ne sortent que le jour et cèdent leur place la nuit à d’autres divinités comme le oro, le Zangbéto et autres. Le comportement vestimentaire des Egunguns relevant du pittoresque fait la fierté de cet aspect de la culture africaine. La multiplicité des couleurs qu’ils revêtent font des Egunguns une divinité attrayante, belle à voir et magnifique. Mais on constate de plus en plus que la tradition des Egunguns tend à disparaître. Les jeunes générations ne prennent plus au sérieux cette divinité et ne sont intéressés que par le côté jeu. 

Vivement, que les aînés, les anciens, les dépositaires de la tradition africaine et autres contribuent comme ils le font si bien à ce que la culture des peuples noirs et particulière celle des revenants qui constituent une source d’intégration régionale (ils sont présents dans tous les pays de l’Afrique ou se retrouvent des gens qui relèvent du continuum Edé tels les Yoruba, les Haoussa, les Nagos, les Tcha, les Ifè etc.) se perpétuent dans le temps.

Source : Orisha Egunguns 

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