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lundi 17 octobre 2016

Bénin : Un grand bras de fer entre les bières « La Béninoise » et « Goldberg »


Impossible de faire mine de l’ignorer : la bière ‘’Goldberg’’, brassée au Nigéria, a le vent en poupe au Bénin. La prolifération des boissons nigérianes en l’occurrence la bière ‘’Goldberg’’ dans les buvettes et restaurants au Bénin, malgré les mesures coercitives de la douane béninoise contre l’importation sur le territoire national, est une nouvelle preuve que le Bénin est un grand pays de la contrebande non maîtrisée par l’Etat central. Cette situation démontre à suffisance que la douane nationale a montré ses limites au regard de l’ampleur de la prédominance des boissons nigérianes dans le pays.

Depuis quelques mois, les buvettes et restaurants à Cotonou, Porto-Novo et dans l’ensemble du pays sont envahis par les boissons en provenance du Nigéria. Actuellement, partout, c’est la bière ‘’Goldberg’’ qui est devenue la coqueluche du public béninois au détriment des produits de la Société Béninoise de Brasserie (SOBEBRA ). Même, lors des cérémonies de funérailles, de mariage, de baptême et autres occasions de réjouissance, le consommateur préfère les boissons venues du Nigéria parce qu’elles coûtent moins chères en raison de la dépréciation du coût de la monnaie nigériane (Naïra) aussi l’engouement pour ce breuvage prisé d’abord pour son coût, a pris des proportions telles que ‘’Goldberg’’est en passe de devenir à Porto-Novo, Cotonou et autres, un véritablement phénomène de société; si ce n’est déjà le cas. Pour lutter contre ce trafic illicite, la douane a déployé ses éléments au niveau des frontières. Elle réussit à arraisonner parfois quelques quantités de la bière en question.

La Direction générale des douanes et droits indirects, il y a quelques jours, a même donné une conférence de presse à son siège à Cotonou pour insister sur la nécessité de combattre le phénomène des boissons nigérianes sur le territoire national. Des instructions fermes ont été données à tous les douaniers de traquer comme des délinquants, les importateurs de ces produits au Bénin. Et pourtant ! Les efforts des disciples de Saint-Mathieu ne sont pas visibles sur le terrain. Les buvettes et restaurants sont toujours inondés par ces boissons avec des prix plus bas que ceux pratiqués par la SOBEBRA.
Désormais pour vos grandes manifestations, la SOBEBRA prend une partie des charges. Cette subvention (ou appelez- le comme vous voulez) de la SOBEBRA à l’endroit de sa clientèle est libellée sous forme de kit de matériels  utiles pour les grandes manifestations. Cependant, ce kit de matériels pour la fête sera mis à disposition aux clients après l’achat d’une certaine quantité de produits de la SOBEBRA.
Ainsi, selon cette mesure commerciale, un client qui achète entre 75 et 100 casiers ou packs de produits de la SOBEBRA recevra : 200 chaises, 02 bacs et 02 tentes.
La conclusion à tirer est que l’Etat, à travers la douane, est en train d’échouer lamentablement une fois encore dans la lutte contre la contrebande. 

Qu’est-ce qui peut expliquer cet état de choses ? 

Le manque de sécurité adéquate aux frontières béninoises est la première raison de cette situation. En effet, les contrebandiers trouvent toujours des moyens pour contourner les dispositifs de la douane. Des jeunes se reconvertissent dans le transport de cette bière. Ils ont abandonné la filière des véhicules d’occasion en crise pour importer comme l’essence frelatée dite ‘’Kpayo’’ ladite boisson. 
« Sur les parcs, les Libanais ne nous paient plus. Ils nous doivent des arriérés de salaires, parce que la filière ne marche plus. Heureusement, grâce au trafic de la bière ‘’Goldberg’’, j’essaie de nourrir ma petite famille… », a avoué Jean vivant à Djeffa dans la Commune de Sèmè-Podji. « Je me lève très tôt le matin pour éviter les tracasseries routières. Parfois, on donne de l’argent aux douaniers pour passer la frontière. La fois dernière, j’ai donné 50.000 F CFA aux douaniers pour qu’ils me laissent désormais… », a-t-il fait savoir. Un gérant de buvette confie ceci : « En vendant les boissons venues du Nigéria, je fais plus de bénéfices… ». Aujourd’hui, le Bénin a clairement montré ses limites à maîtriser ses frontières. Il est pratiquement devenu un pays où l’on veut ce qu’on veut, où l’on veut et quand on veut. Qu’on ne soit pas étonné de voir des armes et autres produits avariés traversés facilement les frontières pour être déversés sur le territoire national. La situation actuelle pose une fois en plus les problèmes de porosité des frontières béninoises. A l’allure où vont les choses, le Bénin risque d’être un vaste marché d’écoulement des produits nigérians au détriment de ceux fabriqués au Bénin.Ceci au grand dam de la SOBEBRA  et des autres brasseries régulièrement installées au Bénin, qui voient leur couche-clientèle s’amaigrir comme une peau de chagrin. Le « mal » est profond. Les leçons à en tirer sont nombreuses, et même juteuses par endroits.

La SOBEBRA saura-t-elle saisir l’opportunité qu’offre cette difficulté ?

Dans chaque situation difficile, il y a une opportunité à saisir. C’est le cas pour la SOBEBRA qui est aujourd’hui acculée, poussée dans ses derniers retranchements par le phénomène ‘’Goldberg’’. Elle n’a pas d’autres choix que de réagir, en puisant dans les nombreuses critiques contre ses produits, celles qui sont les plus pertinentes, pour les retourner à son avantage.
Toutefois, il faut reconnaître que le défi que pose le phénomène ‘’Goldberg’’ n’interpelle pas uniquement la SOBEBRA. Rien ne garantit que cette société qui a contribué pour plus de 50 milliards d’impôts en 2015 sera capable de verser ne serait-ce que la moitié de cette somme dans les caisses de l’Etat.
« Grâce » à l’engouement entretenu naïvement voire méchamment autour de la bière de la rue et autres produits de l’économie informelle qui ne rapportent rien à la trésorerie nationale, un trou d’air est fait dans les caisses de l’État, permettant de laisser s’évaporer de l’argent qui aurait servi à construire et/ou entretenir des routes, des écoles, des hôpitaux et autres.
Prenons du recul. À quelque chose malheur est bon. Le phénomène ‘’Goldberg’’ a obligé les autorités compétentes à prendre conscience des dangers que font peser la concurrence déloyale du secteur informel sur l’économie nationale. Pour preuve, cette note du Directeur général des Douanes et Droits Indirects, Pierre-Claver TOSSOU, laquelle note interdit, sur toute l’étendue du territoire national, l’importation par voie terrestre des changements de toutes marchandises d’origines étrangères en dehors des produits communautaires munis des documents requis. Une décision qui prendra effet à partir du lundi 17 octobre prochain.
Il faut espérer que dans la continuité des mesures adéquates qui seront prises pour protéger les sociétés qui paient les impôts, qu’à leur tour, ces mêmes sociétés prendront conscience des mesures internes qui s’imposent pour impulser la « réconciliation » avec leurs consommateurs. Ce n’est qu’à ce prix que ces sociétés, à l’instar de la SOBEBRA, retrouveront leur chiffre d’affaires d’antan, sauveront de nombreux emplois, et continueront de contribuer à bonne hauteur au renflouement des caisses de l’État.
Et quand consommateurs, entreprises et autorités compétentes feront chacun de manière convenable son devoir, alors en ce moment, les entreprises comme la SOBEBRA retrouveront leur prestige d’antan. Et quand cela arrivera, on dira merci qui ? Merci ‘’Goldberg’’! Oui, on peut le dire : Merci à la bière ‘’Goldberg’’ d’avoir aidé à prendre conscience que le secteur informel, comme les médicaments de la rue, ça détruit la santé des consommateurs, ça détruit les emplois, ça tue l’économie national.

Les mesures prises par la SOBEBRA

La libéralisation de tout secteur d’activité économique est toujours bénéfique pour le consommateur. Cette vérité basique en économie capitaliste vient de se confirmer avec la nouvelle mesure commerciale que la SOBEBRA vient de prendre à la faveur de ses consommateurs pour répondre à la rude concurrence que lui livre depuis un moment la Bière d’origine nigériane ‘’Goldberg’’.
  • 300 chaises, 03 bacs, 03 tentes et la sonorisation pour un achat compris entre 100 et 150 casiers de produits de la SOBEBRA;
  • 400 chaises, 04 bacs, 04 tentes plus la sonorisation pour les clients qui auront acheté entre 151 et 250 casiers de produits de la SOBEBRA;
  • 500 chaises, 06 bacs, 05 tentes et la prise en charge de la sonorisation pour les clients ayant pris des produits de la SOBEBRA à partir de 251 casiers.
Cette nouvelle mesure commerciale dont la mise en application me laisse interrogatif doit certainement créer des frissons dans le rang des professionnelles de la sonorisation et des ‘’loueurs’’ de chaises est sans doute une bonne nouvelle pour le consommateur. Mais le mérite revient à la bière ‘’Goldberg’’ qui a contraint la SOBEBRA à faire bouger les lignes dans le bon sens et non dans le sens de l’augmentation de prix ; le consommateur doit donc dire « merci Goldberg ».

Malgré ces mesures prise par la SOBEBRA une enquête d’opinion réalisée sur la période du 15 au 20 septembre 2016 dans 22 buvettes et bar-restaurants de Cotonou, la bière ‘’Goldberg’’ doit son succès sur le marché béninois à la sourde oreille de la Société Béninoise de Brasserie (SOBEBRA), aux critiques et suggestions des consommateurs. Pour reconquérir son marché, la SOBEBRA, malgré les revers de la crise économique auxquels elle fait déjà face, elle doit non seulement revoir sa politique de produit afin de répondre aux exigences des consommateurs mais aussi et surtout se départir des lobbys de distributions qui spéculent sur le prix de ses produits. La guerre de la douane béninoise contre l’importation, aussi informelle soit-elle, du produit concurrent ne suffira pas. Mieux elle pourrait bien donner d’autres relents à la concurrence.




1 commentaire:

  1. Le réveil brutal de la SOBEBRA est malheureusement tard parce que le consommateur de leurs produits ont souffert assez longtemps (en silence). Elle n'est que la victime de son manque d'innovation,le béninois en avait ras-le-bol de ces produits de peu de qualité et qui sont en plus très chers par rapport aux boissons importées. NON A LA CONTREBANDE mais c'est une grave erreur que la douane et le gouvernement béninois commettent en arraisonnant certaines cargaisons des bières "GOLDBERG" qui ont subi les formalités douanières parce que le Bénin a ratifié des accords commerces régionaux (UEMOA) et internationaux qui prônent la libre circulation des biens et services. La seule solution serait de négocier avec les produits nigérians et trouver un accord pour les importations de ces boissons...

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