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jeudi 10 novembre 2016

Etats-Unis : Vers une division après la victoire de Donald Trump ?


« Trump déjoue les pronostics » titre le Miami Herald, tandis que le Wall Street journal annonce « Un nouvel ordre politique ».
Mercredi, des manifestations contre le président élu ont eu lieu dans de très nombreuses villes : à New York devant la Trump Tower, à Chicago, Oakland, Philadelphie, Austin, Portland etc. réunissant, à chaque fois, quelques milliers de personnes. Et les sites internet d’information américains postent de nombreuses vidéos de ces manifestations, comme celui du Kansas City Star. «  On le répète ce n’est pas notre président et on n’est pas d’accord avec ce qui se passe clame un manifestant au porte-voix. Aujourd’hui tous les gens qui sont plus ou moins en marge sont en danger. Nous devons nous unir. Trump n’a pas gagné le vote populaire si j’ai bien compris… et le vote populaire, il est ici ! ». Hillary Clinton a en effet remporté 47,7% des suffrages exprimés contre 47,5% pour Donald Trump, montre le dossier complet des résultats publiés par le New York Times. Mais seulement 228 grands électeurs contre 279 à son rival.
Dans son discours à l’annonce des résultats, Donald Trump s’est voulu rassembleur, mais cela n’a pas suffi à rassurer certains éditorialistes inquiets des déchirements du pays « Il va falloir reconnaître que notre pays est divisé », écrit le Philadelphia Inquirer,  et comprendre  « Comment une star de la téléréalité comme Donald Trump a pu exploiter cette division (...)  Le fait que tant d'électeurs aient pu voter pour Trump malgré ses faillites en affaires, ses escapades lubriques, ses insultes à pratiquement toutes les minorités, signifie quelque chose. Les électeurs de Trump pensent que Washington se désintéresse d'eux. Le nouveau président devra prouver que ce n'est pas vrai. »

La presse, elle, s’intéresse de près aux électeurs du nouvel élu et leur donne la parole. A lire notamment dans le Boston Globe ce reportage sur le facteur social, dans la ville de Middleborough, qui  commence ainsi « Dans l’Etat du Massachussets la victoire de Donald Trump est pour la plupart des électeurs un choc, une consternation. Mais dans cette ville ouvrière, républicaine, l’étonnante victoire de Trump est perçue comme l’occasion d’un nouveau départ. » 

USA Today pointe « Une autre surprise de cette élection » : près de 30% des hispaniques ont voté Trump. « Après une campagne qui a commencé avec les déclarations de Trump sur les mexicains violeurs, la déportation massive d’immigrants et la construction d’un mur à la frontière mexicaine, le résultat du vote hispanique laisse perplexe les associations de soutien aux migrants et les instituts de sondage » explique le journal. « Ça n’est pas plausible » déclare le professeur de sciences politiques Alan Abramowitz, qui attend une analyse plus poussée des données, car il y a parfois des erreurs dans les sondages de sortie des urnes. En tout cas, « la question va faire débat » conclut le spécialiste, incrédule.

Mais les électeurs ne voient pas les choses ainsi. USA Today a rencontré Denise Galvez, originaire de Cuba, qui a fondé Latinas for Trump (les Latino-américaines  avec Trump). « Tout le monde s’est focalisé sur la rhétorique grandiloquente de Trump sans faire attention à la proportion grandissante de l’électorat hispanique sensible à son programme. Je reconnais ses erreurs,  poursuit-elle (…) mais en fait sa politique en matière d’immigration est raisonnable, elle cible les migrants sans papiers qui ont commis des crimes, elle offrira une solution pour ceux qui travaillent dur dans le pays et permettra de contrôler les frontières.»

Pour Joséfina Rocabado, 50 ans, qui a immigré à Miami depuis la République Dominicaine en 1979, c’est le programme économique de Donald Trump qui a compté. Et cette dirigeante d’une compagnie d’assurance explique au journal qu’elle s’est sentie insultée par le “lavage de cerveau” opéré par l’équipe de Hillary Clinton sur les hispaniques, laissant entendre que ceux qui ne soutenaient pas les Démocrates trahissaient leurs racines - sans concevoir qu’ils puissent avoir des motivations plus précises de voter. 

Source : RFI

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