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jeudi 24 novembre 2016

Benin : La croisade pour la paix entre Talon et AJAVON



Sébastien Ajavon n’est pas disposé à s’engager dans un bras de fer avec Patrice Talon. En tout cas, pas maintenant. Malgré ses griefs dirigés contre le régime en place dont il a contribué à l’avènement, il a su garder les pieds sur terre.
En considérant les événements de la semaine du 28 octobre au 4 novembre dernier, le roi du poulet se pose mille et une questions quant à cette aventure qui aurait pu virer au drame n’eût été le verdict de la justice. A en juger par son tempérament, une frange de l’opinion avait tôt fait de prédire l’éclatement de la coalition de la rupture. Les déclarations de Sébastien Ajavon dans un journal parisien et celles de Patrice Talon face aux populations de Parakou tendaient à faire croire au clash entre les deux hommes.
A son retour de l’Hexagone où il a pris le temps de se remettre de ses émotions, l’administrateur de Comon S.A. a, avec le recul, reconsidéré sa position. En un laps de temps, la tension est montée d’un cran et la situation risquait de s’envenimer. En bon patriote, il a vite fait de prendre les dispositions pour calmer le jeu. La visite de courtoisie qu’il a rendue à l’ancien président de la République jeudi dernier est le signe de son engagement à œuvrer pour la réconciliation et la paix. C’est une démarche responsable qui l’élève au-dessus de la mêlée. Selon la cellule de communication de Sébastien Ajavon, d’autres visites en direction de certaines personnalités de la République sont également prévues ces jours-ci. Cette ouverture d’esprit est la manifestation de sa volonté de ratisser large afin que la hache de guerre soit véritablement enterrée.
Patrice Talon disait à qui voulait l’entendre entre les deux tours de la présidentielle de mars 2016 que son allié Sébastien Ajavon et lui-même se comporteraient comme des frères au cours de ce quinquennat. Mais quelques mois auront suffi pour que la cohésion affichée par la coalition de la rupture soit mise à l’épreuve. Il fallait être naïf pour croire que les rapports entre Sébastien Ajavon et le chef de l’Etat resteraient au beau fixe. La langue et les dents appelées à cohabiter toute une vie se querellent. Les frictions étant inévitables, les camps en présence ont intérêt à les gérer avec tact.
Lorsque les éléphants se battent, ce sont les herbes qui en pâtissent. Sous Boni Yayi, les Béninois ont subi malgré eux les revers de la guerre des forts. Cette page est déjà tournée et devrait rester fermée. C’est heureux qu’en dépit de tout, Sébastien Ajavon ait montré sa bonne foi et sa disponibilité pour le dialogue. Les autres membres de la coalition de la rupture doivent en faire autant. D’autres préoccupations nettement plus importantes qu’un conflit entre deux poids lourds sont partagées par les populations. L’école, les routes, le déficit énergétique, la pauvreté… sont autant de secteurs sur lesquels des résultats sont attendus. Depuis bientôt un mois, les hôpitaux sont en proie à des mouvements de débrayages au grand dam des patients. Voilà des sujets, des préoccupations qui priment sur tout le reste. Que Sébastien Ajavon et Patrice Talon fument le calumet de la paix, c’est l’idéal. Dans le cas contraire, que l’intérêt général prime sur ce présumé conflit.


Source : quotidien fraternité

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