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dimanche 18 décembre 2016

Dépigmentation de la peau : Une inquiétude pour l'Afrique noire


Dans certains pays d’Afrique, avoir la peau claire est synonyme de beauté. Par complexe, des femmes et hommes noirs s’adonnent à la dépigmentation artificielle de la peau malgré les risques pour la santé. Cette pratique a des noms qui varient selon les pays : on l’appelle ainsi "Xessal" au Sénégal, "bojou" au Bénin, "tcha-tcho" au Mali, "akonti" au Togo, "dorot" au Niger, "décapage" ou "maquillage" au Cameroun, "kobwakana" dans les deux Congo ou encore "kopakola" au Gabon.


Utilisation de produits cosmétiques dangereux


L’éclaircissement de la peau connaît un essor inquiétant sur le continent.Pour entrer dans les canons de beauté des occidentaux, certaines femmes ont recours à des produits dangereux contenant la plupart de l'hydroquinone et ses dérivés sous forme de lait, crème, savon. Alors que la dose pour un usage médical ne doit pas dépasser 2%, certains produits contiennent jusqu’à 22% d'hydroquinone. L’eau de javel est mélangée à des laits de corps pour accélérer le processus.Les zones difficiles à éclaircir (le coude, les mains, les jointures des pieds et des mains, le cou, le dos) nécessitent des produits plus agressifs comme l’eau oxygénée. Des produits servant la plupart à traiter des cas graves d'allergies. Certains se font même faire des injections.

Origines de la dépigmentation

Le pouvoir du blanchiment de la peau, par une substance appelée hydroquinone fut découvert dans les années 60 aux Etats-Unis par des Afro-Américains. Ce sont des ouvriers noirs, qui travaillaient dans le domaine du textile et du caoutchouc qui, quotidiennement étaient en contact avec l’hydroquinone, substance que l’on utilise pour le délavage de jeans et également comme un antioxydant sur le caoutchouc. Cette même substance chimique est utilisée dans la peinture et l’huile. Comme ils travaillaient sans protection, ils ont pu voir à la longue l’effet blanchissant que ce produit toxique avait sur eux. C’est ainsi, qu’est née la dépigmentation intentionnelle de la peau qui se propagea dans la communauté noire et le continent africain ne fut que la cible privilégiée.

Conséquences néfastes pour la santé


Ces méthodes radicales ont des conséquences graves pour la santé. Les acnés, les brûlures, les mycoses et les eczémas ne sont que de simples problèmes comparés aux cancers de la peau. Certaines victimes souffrent de cicatrisations difficiles et voient leur peau décliner en plusieurs teintes au gré des agressions solaires. Une peau fragile qui rend difficile une intervention chirurgicale au cas où la personne a un problème de santé. En outre, les produits utilisés peuvent causer hypertension, diabète, problèmes osseux et même cécité.



Des dépenses considérables

Beaucoup de femmes béninoises dépensent une fortune pour ces produits dont le prix ne cesse de grimper. Carole, une jeune étudiante et barmaid béninoise de 24 ans, s’adonne à la dépigmentation de la peau. Elle avoue dépenser près de 30.000 francs CFA par mois pour s'acheter ces produits en provenance de la Côte d'Ivoire. D’autres font des mélanges aussi chers que dangereux pour avoir un teint clair en peu de temps. Josiane, escort girl togolaise de 25 ans, déclare: « Je me dépigmente la peau pour attirer les hommes et être la plus belle parmi mes copines »; une histoire de séduction et de rivalité entre femmes. Silo, un étudiant béninois, trouve que les femmes qui s’éclaircissent la peau sentent mauvais. « J’avais une copine qui faisait "bojou". Elle avait une drôle d’odeur à cause des produits qu’elle utilisait. J’ai été obligé de rompre avec elle à cause de ça » affirme t-il.  Aussi, pour lui, il est hors de question que sa future femme s’adonne à ces pratiques.

Des approches de solution

Pour remédier au problème, certains pays, comme la Côte d’Ivoire, ont interdit la vente de produits éclaircissants. Dans la sous régions ouest africaine, de nombreuses organisations font des séances d’information et de sensibilisation pour que les populations prennent conscience des risques auxquels elles s’exposent. Cependant, sans une prise de conscience et une volonté ferme, il est impossible d’endiguer le mal.




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